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HISTOIRE

chercher quelqu’autre broussaille. Gribouille, se voyant seul, avait bien envie de s’en aller ; mais comment faire, puisqu’il n’avait plus ni pieds ni jambes ? Au moins, disait-il, quand j’étais sur l’eau, l’eau me poussait et me faisait avancer ; à présent, que deviendrai-je ? je m’en vais certainement me faner, me dessécher et mourir, puisque je suis une branche coupée et jetée aux vents.

Gribouille versa quelques larmes, mais il reprit courage en songeant que les fées ou les bons génies l’avaient protégé contre les assauts de l’affreux bourdon, et que, sans doute, ils lui avaient fait subir cette métamorphose pour le préserver de ses poursuites. Il aurait bien voulu les invoquer encore, et surtout revoir près de lui la demoiselle bleue qui lui avait parlé sur le ruisseau ; mais il était aussi muet qu’une souche, et il ne pouvait pas faire de lui-même le plus petit mouvement.

Mais voilà que tout d’un coup s’éleva un furieux coup