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DE GRIBOUILLE

en pièces ce voleur qui nous prive de nos richesses ! »

Qui eut grand’peur ? ce fut Gribouille.

« Hélas ! mesdames les abeilles, fit-il en tremblant, pardonnez-moi. Je mourais de faim, et vous êtes si riches, que je ne croyais pas vous faire grand tort en goûtant un peu à votre miel ; il est si bon, si jaune, si parfumé, votre miel ! vrai, j’ai cru d’abord que c’était de l’or, et c’est quand j’y ai goûté que j’ai compris que c’était encore meilleur et plus agréable à trouver que de l’or fin.

— Il n’est pas trop sot, reprit alors une petite voix douce, et, pour ses jolis compliments, je vous prie, chère Majesté, ma mère, de lui faire grâce et de le laisser continuer son chemin.

Là-dessus il se fit dans l’arbre un grand bourdonnement, comme si tout le monde parlait à la fois et se disputait ; mais personne ne sortit, et Gribouille se sauva sans être poursuivi. Quand il se trouva un peu loin, il eut la curiosité de se retourner, et il vit l’endroit qu’il avait quitté si brillant, qu’il s’arrêta pour regarder. Le soleil, qui se couchait, envoyait une grande lumière dans les branches du figuier, et dans ce rayon, qui, à force d’être vif, faisait mal aux yeux, il y avait une quantité innombrable de petites figures transparentes qui dansaient et tourbillonnaient en faisant une fort jolie musique. Gribouille regarda tant qu’il