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HISTOIRE

dépêchez-vous, et ce qu’il vous donnera, ayez bien soin de le rapporter ici : si c’est de l’argent, n’en prenez rien pour vous ; si c’est quelque chose à manger, ne le flairez seulement point ; remettez-le tel que vous l’aurez reçu à votre père ou à moi. Sinon, gare à votre peau !

— Je ne sais pas pourquoi vous me dites tout cela, ma chère mère, répondit Gribouille ; vous savez bien que je ne vous ai jamais rien dérobé, et que je mourrais plutôt que de vous tromper.

— C’est vrai que vous êtes trop bête pour cela, reprit sa mère ; allons, ne raisonnez point, et partez. »

Quand Gribouille fut sur le chemin du château que sa mère lui avait indiqué, il se sentit bien fatigué, car il n’avait rien mangé depuis le matin, et la journée finissait. Il fut obligé de s’asseoir sous un figuier qui n’avait encore que des feuilles, car ce n’était point la saison des fruits, et il allait se trouver mal de faiblesse quand il entendit bourdonner un essaim au-dessus de sa tête. Il se dressa sur la pointe des pieds, et vit un beau rayon de miel dans un creux de l’arbre. Il remercia le ciel de ce secours, et mangea un peu de miel le plus proprement qu’il put. Il allait continuer sa route, lorsque, du creux de l’arbre, sortit une voix perçante qui disait : « Arrêtez ce méchant ! À moi, mes filles, mes servantes, mes esclaves ; mettons