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des relations d’amitié avec elle et avec son beau-fils Francueil.

Mme Dupin cultivait les lettres et la philosophie sans ostentation et sans attacher son nom aux ouvrages de son mari, dont cependant elle aurait pu, j’en suis certaine, revendiquer la meilleure partie et les meilleures idées. Leur critique étendue de l’Esprit des lois est un très bon ouvrage peu connu et peu apprécié, inférieur par la forme à celui de Montesquieu, mais supérieur dans le fond à beaucoup d’égards, et, par cela même qu’il émettait dans le monde des idées plus avancées, il dut passer inaperçu à côté du génie de Montesquieu qui répondait à toutes les tendances et à toutes les aspirations politiques du moment[1].

M. et Mme Dupin travaillaient à un ouvrage sur le mérite des femmes, lorsque Jean-Jacques vécut auprès d’eux. Il les aidait à prendre des notes et à faire des recherches, et il entassa à ce sujet des matériaux considérables qui subsistent

  1. Cet ouvrage ne se répandit guère. Mme de Pompadour, qui protégeait Montesquieu, obtint de M. Dupin qu’il anéantirait son livre, bien qu’il fût déjà publié. J’ai pourtant le bonheur d’en avoir un exemplaire qui s’est conservé entre mes mains. Sans aucune prévention ni amour-propre de famille, c’est un très bon livre, d’une critique serrée qui relève toutes les contradictions de l’Esprit des Lois, et présente de temps à autre des aperçus beaucoup plus élevés sur la législation et la morale des nations.