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lignage bien établi par grimoire héraldique, avec vignettes coloriées fort jolies. Quoi qu’il en soit, ma grand’mère hésita longtemps à faire cette alliance, non que l’âge de M. Dupin fût une objection capitale, mais parce que son entourage, à elle, le tenait pour un trop petit personnage à mettre en regard de Mlle de Saxe, comtesse de Horn. Le préjugé céda devant des considérations de fortune, M. Dupin étant fort riche à cette époque.

Pour ma grand’mère, l’ennui d’être séquestrée au couvent dans le plus bel âge de sa vie, les soins assidus, la grâce, l’esprit et l’aimable caractère de son vieux adorateur, eurent plus de poids que l’appât des richesses ; après deux ou trois ans d’hésitation, durant lesquels il ne passa pas un jour sans venir au parloir déjeuner et causer avec elle, elle couronna son amour et devint Mme Dupin[1].

Elle m’a souvent parlé de ce mariage si lentement pesé et de ce grand-père que je n’ai jamais connu. Elle me dit que pendant dix ans qu’ils vécurent ensemble, il fut, avec son fils, la plus chère affection de sa vie ; et bien qu’elle n’employât jamais le mot d’amour, que je n’ai jamais entendu sortir de ses lèvres à propos de lui ni de personne, elle souriait quand elle m’entendait

  1. Il paraît qu’il y eut quelque opposition, je ne sais de quelle part, car ils allèrent se marier en Angleterre, dans la chapelle de l’ambassade, et firent ratifier ensuite leur union à Paris.