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j’arrivai à employer l’écriture de tout le monde ; mais, ce que je me rappelle, c’est que je fis comme ma mère, qui apprenait l’orthographe en faisant attention à la manière dont les mots imprimés étaient composés. Je comptais les lettres et je ne sais par quel instinct j’appris de moi-même les règles principales.

Lorsque, plus tard, Deschartres m’enseigna la grammaire, ce fut l’affaire de deux ou trois mois, car chaque leçon n’était que la confirmation de ce que j’avais observé et appliqué déjà.

À sept ou huit ans, je mettais donc l’orthographe, non pas correctement, cela ne m’est jamais arrivé, mais aussi bien que la majorité des Français qui l’ont apprise.

Ce fut en apprenant seule à écrire que je parvins à comprendre ce que je lisais. C’est ce travail qui me força à m’en rendre compte, car j’avais su lire avant de pouvoir comprendre la plupart des mots et de saisir le sens des phrases. Chaque jour cette révélation aggrandit son petit cadre et j’en vins à pouvoir lire seule un conte de fées.

Quel plaisir ce fut pour moi, qui les avais tant aimés et à qui ma pauvre mère n’en faisait plus, depuis que le chagrin pesait sur elle !

Je trouvai à Nohant les contes de Mme D’Aulnoy et de Perrault, dans une vieille édition qui a fait mes délices pendant cinq ou six années.

Ah ! quelles heures m’ont fait passer l’Oiseau Bleu,