Page:Sand - Histoire de ma vie tomes 1a4 1855 Gerhard.djvu/57

Cette page n’a pas encore été corrigée

assista l’abbé de Beaumont, mon grand-oncle (fils du duc de Bouillon et de Mlle de Verrières), un valet de chambre dévoué vint dire au jeune abbé, qui était alors presque un enfant, d’empêcher par tous les moyens possibles la jeune comtesse de Horn de passer la nuit avec son mari. Le médecin du comte de Horn fut consulté, et le comte lui-même entendit raison.

Il en résulta que Marie-Aurore de Saxe ne fut jamais que de nom l’épouse de son premier mari ; car ils ne se virent plus qu’au milieu des fêtes princières qu’ils reçurent en Alsace, garnison sous les armes, coups de canon, clefs de la ville présentées sur un plat d’or, harangues des magistrats, illuminations, grands bals à l’hôtel-de-ville ; que sais-je ? tout le fracas de vanité par lequel le monde semblait vouloir consoler cette pauvre petite fille d’appartenir à un homme qu’elle n’aimait pas, qu’elle ne connaissait pas, et qu’elle devait fuir comme la mort.

Ma grand’mère m’a souvent raconté l’impression que lui fit, au sortir du cloître, toute la pompe de cette réception. Elle était dans un grand carrosse doré tiré par quatre chevaux blancs ; monsieur son mari était à cheval avec un habit chamarré très magnifiquement. Le bruit du canon faisait autant de peur à Aurore que la voix de son mari. Une seule chose l’enivra, c’est qu’on lui apporta à signer, avec autorisation royale, la grâce des prisonniers. Et tout