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rencontre que nous fîmes, vers Burgos ou vers Vittoria, d’une reine qui ne pouvait être que la reine d’Etrurie. Or, l’on sait que le départ de cette princesse fut la première cause du mouvement du 2 mai à Madrid. Nous la rencontrâmes probablement peu de jours après, comme elle se dirigeait sur Bayonne où le roi Charles IV l’appelait, afin de réunir toute sa famille sous la serre de l’aigle impériale.

Comme cette rencontre me frappa beaucoup, je puis la raconter avec quelques détails. Je ne saurais dire en quel lieu c’était, sinon que c’était dans une sorte de village où nous nous étions arrêtées pour dîner. Il y avait dans l’auberge un relais de poste, et, au fond de la cour, un assez grand jardin où je vis des tournesols qui me rappelèrent ceux de Chaillot. Pour la première fois, je vis recueillir la graine de cette plante, et l’on me dit qu’elle était bonne à manger. Il y avait dans un coin de cette même cour une pie en cage, et cette pie parlait, ce qui fut pour moi un autre sujet d’étonnement.

Elle disait en espagnol quelque chose qui signifiait probablement mort aux Français, ou peut-être mort à Godoy. Je n’entendais distinctement que le premier mot, qu’elle répétait avec affectation, et avec un accent vraiment diabolique, muera, muera. Et le jockey de Mme Fontanier m’expliquait qu’elle était en colère contre moi et qu’elle me souhaitait la mort. J’étais si étonnée d’entendre parler un oiseau