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du système nerveux ouvrirent mon esprit au sentiment de la vie, et je vis nettement, je vois encore le marbre rougeâtre de la cheminée, mon sang lui coulait, la figure égarée de ma bonne. Je me rappelle distinctement aussi la visite du médecin, les sangsues qu’on me mit derrière l’oreille, l’inquiétude de ma mère, et la bonne congédiée pour cause d’ivrognerie. Nous quittâmes la maison, et je ne sais où elle était située. Je n’y suis jamais retournée depuis ; mais si elle existe encore, il me semble que je m’y reconnaîtrais.

Il n’est donc pas étonnant que je me rappelle parfaitement l’appartement que nous occupions rue Grange-Batelière, un an plus tard. De là datent mes souvenirs précis et presque sans interruption.

Mais depuis l’accident de la cheminée jusqu’à l’âge de trois ans, je ne me retrace qu’une suite indéterminée d’heures passées dans mon petit lit sans dormir, et remplie de la contemplation de quelque pli de rideau ou de quelque fleur au papier des chambres.

Je me souviens aussi que le vol des mouches et leur bourdonnement m’occupaient beaucoup et que je voyais souvent les objets doubles, circonstance qu’il m’est impossible d’expliquer et que plusieurs personnes m’ont dit avoir éprouvée aussi dans la première enfance.

C’est surtout la flamme des bougies qui prenait cet aspect devant mes yeux, et je me rendais compte de l’illusion