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venir au secours de l’homme qui l’implore. Je crois à cela, et ne saurais croire à Dieu sans cela.

L’ancienne théologie avait esquissé ce dogme à l’usage d’hommes plus naïfs et plus ignorans que nous, et par suite aussi de l’insuffisance des lumières du temps. Elle avait dit : tentation de Satan, libre arbitre et secours de la grâce pour vaincre Satan. Ainsi, trois termes qui ne s’équilibrent pas, deux contre un, liberté absolue du choix et secours de la toute-puissance de Dieu pour résister à la fatalité, à la tentation du diable, qui doit céder, être terrassé facilement. Si cela eût été vrai, comment donc expliquer l’imbécilité humaine qui continuait à satisfaire ses passions et à se donner au diable, malgré la certitude des flammes éternelles, lorsqu’il lui était si facile de prendre, avec toute la liberté de son esprit et l’appui de Dieu, le chemin de l’éternelle félicité ?

Apparemment, ce dogme n’a jamais bien persuadé les hommes ; ce dogme, parti d’un sentiment austère, enthousiaste, courageux ; ce dogme téméraire jusqu’à l’orgueil et empreint de la passion du progrès, mais sans tenir compte de l’essence même de l’homme : ce dogme, farouche dans son résultat et tyrannique dans ses arrêts, puisqu’il condamne logiquement à l’éternelle haine de Dieu l’insensé qui a librement choisi le culte du mal ; ce dogme-là n’a jamais sauvé