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que la campagne sera terminée, avec quelle ivresse je volerai dans tes bras pour ne plus m’en arracher, et te consacrer, ainsi qu’à Aurore, tous mes soins et tous mes instans : cette idée seule me soutient contre l’ennui et le chagrin qui, loin de toi, m’assiégent.

Au milieu des horreurs de la guerre, je me reporte près de toi et ta douce image me fait oublier le vent, le froid, la pluie, et toutes les misères auxquelles nous sommes livrés. De ton côté, chère amie, pense à moi. Songe que je t’ai voué l’amour le plus tendre et que la mort seule pourra l’éteindre dans mon cœur. Songe que le moindre refroidissement de ta part empoisonnerait le reste de ma vie, et que si j’ai pu te quitter, c’est que le devoir et l’honneur m’en faisaient une loi sacrée.

« Nous quittons demain Nuremberg à cinq heures du matin pour nous rendre à Ratisbonne, où nous arriverons dans trois jours. Le prince Murat commande toujours notre division. » LETTRE III.

De mon père à ma mère. « Vienne, le 30 brumaire an XIV.

« Ma femme, ma chère femme, ce jour est le plus beau de ma vie. Dévoré d’inquiétude, excédé de fatigue, j’arrive à Vienne avec la division.

Je ne sais si tu m’aimes, si tu te portes bien, si mon Aurore est triste ou joyeuse, si