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son propre esprit, et de prendre de nouvelles informations sur sa belle-fille. Mais mon père découvrit que sa mère était à Paris : il comprit qu’elle savait tout et me chargea de plaider sa cause. Il me prit dans ses bras, monta dans un fiacre, s’arrêta à la porte de la maison où ma grand’mère était descendue, gagna en peu de mots les bonnes grâces de la portière, et me confia à cette femme, qui s’acquitta de la commission ainsi qu’il suit.

Elle monta à l’appartement de ma bonne maman, et, sous le premier prétexte venu, demanda à lui parler. Introduite en sa présence, elle lui parla de je ne sais quoi, et tout en causant elle s’interrompit pour lui dire : Voyez donc, madame, la jolie petite fille dont je suis grand’mère ! sa nourrice me l’a apportée aujourd’hui, et j’en suis si heureuse, que je ne puis pas m’en séparer un instant.

— Oui, elle est très fraîche et très forte, dit ma grand’mère en cherchant sa bonbonnière, et tout aussitôt la bonne femme, qui jouait fort bien son rôle, me déposa sur les genoux de la bonne maman, qui m’offrit des friandises et commença à me regarder avec une sorte d’étonnement et d’émotion. Tout à coup elle me repoussa en s’écriant : Vous me trompez, cet enfant n’est pas à vous. Ce n’est pas à vous qu’il ressemble… je sais, je sais ce que c’est !… Effrayée du mouvement qui me chassait du sein