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puisque, dans ce même passage, Marmontel raconte comme quoi, ayant été cause que le maréchal de Saxe avait retiré à Mlle Verrière la pension de douze mille livres qu’il lui faisait pour elle et sa fille, cette belle personne en fut dédommagée par le prince de Turenne, sous promesse, de la part de Marmontel, de ne plus la voir. Or, l’oncle Beaumont était, comme je l’ai déjà dit, fils de Mlle Verrière et de ce prince de Turenne, duc de Bouillon.

Cependant, il prit la chose moins au sérieux.

« Beaumont assure, écrivait mon père à ma grand’mère, que cela ne mérite pas le chagrin que tu t’en fais. D’abord, nous ne sommes pas assez riches que je sache, pour racheter l’édition publiée et pour obtenir que la prochaine soit corrigée ; fussions-nous à même de le faire, cela donnerait d’autant plus de piquant aux exemplaires vendus, et, tôt ou tard, nous ne pourrions empêcher qu’on ne refît de nouvelles éditions conformes aux premières. Les héritiers de Marmontel consentiraient-ils, d’ailleurs, à cet arrangement avec les éditeurs ?

J’en doute, et nous ne sommes plus au temps où l’on pouvait sévir, soit par promesses, soit par menaces, soit par des lettres de cachet contre la liberté d’écrire. On ne donne plus de coups de bâton à ces faquins d’auteurs et d’imprimeurs. Et toi, ma bonne mère, qui, dès ce temps-là, étais du parti des encyclopédistes et des philosophes, tu ne peux pas