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assise définitivement sur sa base nouvelle.

Mais, à l’époque où ces choses se passaient, on avait déjà vu tant d’ébranlemens et de prodiges qu’on ne savait pas bien sur quel terrain l’on marchait. Ma mère avait les idées du peuple sur tout cela. Elle ne jugeait ni les causes ni les effets de ces nouvelles bases de la société révolutionnaire. « Cela changera encore, disait-elle. J’ai vu le temps où il n’y avait pas d’autre mariage que le mariage religieux.

Tout à coup on a prétendu que celui-là ne valait rien et ne compterait plus. On en a inventé un autre qui ne durera pas et qui ne peut pas compter. » Il a duré, mais en se modifiant d’une manière essentielle. Le divorce a été permis, puis aboli, et à présent on parle de le rétablir[1].

Jamais moment n’a été plus mal choisi pour soulever une aussi grave question. Et, bien que j’aie des idées arrêtées à cet égard, si j’étais de l’assemblée, je demanderais l’ordre du jour. On ne peut pas régler le sort et la religion de la famille dans un moment où la société est dans le désordre moral, pour ne pas dire dans l’anarchie.

Aussi, lorsqu’il sera question de discuter cela, l’idée religieuse et l’idée civile vont se trouver encore une fois aux prises, au lieu de chercher cet accord sans lequel la loi n’a point de sens et n’atteint pas son

  1. J’écris ceci le 2 juin 1848. J’ignore quelle sera la solution du projet présenté à l’Assemblée nationale par le ministre Crémieux.