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plus à l’aise sur les vagues. Le bruit de vent, les secousses violentes de la barque s’accordaient mieux que tout avec ce qui se passait au dedans de moi, et, au milieu de cette agitation, je me trouvais comme dans mon élément.

« Adieu, ma mère chérie, garde la plume avec laquelle tu m’as écrit ta dernière lettre, et n’en prends jamais d’autre pour écrire à ton fils, qui t’aime autant que tu es bonne, et qui t’embrasse aussi tendrement qu’il t’aime.

« Je voudrais bien tenir ici Caton-Deschartres pour voir la jolie grimace qu’il ferait avec le tangage et le roulis de grosse mer. »


LETTRE IV.
« Quartier général à Ostrohow, 30 pluviose an XII.

« Le général de division Dupont, commandant la 1re division du camp de Montreuil[1]… m’a tellement fait courir avec lui tous ces jours-ci, soit sur la côte, soit sur la mer, que je n’ai pu trouver un moment pour t’écrire. Avant-hier, au moment où je commençais une lettre pour toi, une douzaine de coups de canon est venue me déranger.

C’était le prélude d’une canonnade qui a duré toute la journée entre nos batteries et la flotte anglaise. Nous y avons couru comme de raison, et nous avons joui pendant sept heures d’un coup-d’œil aussi piquant qu’agréable,

  1. C’est une tête de lettre imprimée.