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aussi, ton chagrin sera dissipé et tu n’auras plus d’inquiétudes, puisque Victoire est déjà partie. Il ajouta même, en la voyant pleurer amèrement, que Victoire serait probablement consolée de son côté, et que, quant à lui, il travaillerait à l’oublier. Il mentait, le pauvre enfant, et ce n’était pas la première fois que la tendresse un peu pusillanime de sa mère le forçait à mentir. Ce ne fut pas non plus la dernière fois, et cette nécessité de la tromper fut une des grandes souffrances de sa vie ; car jamais caractère ne fut plus loyal, plus sincère et plus confiant que le sien. Pour dissimuler, il était forcé de faire une telle violence à son instinct, qu’il s’en tirait toujours mal et ne réussissait pas du tout à tromper la pénétration de sa mère. Aussi lorsqu’elle le vit monter à cheval le lendemain matin, elle lui dit tristement qu’elle savait bien où il allait. Il donna sa parole d’honneur qu’il allait au Blanc et à Courcelles. Elle n’osa pas lui faire donner sa parole d’honneur qu’il n’irait point de là à Paris. Elle sentit qu’il ne la donnerait pas ou qu’il y manquerait. Elle dut sentir aussi qu’en sauvant les apparences vis-à-vis d’elle, il lui donnait toutes les preuves de respect et de déférence qu’il pouvait lui donner en une telle situation.

Ma pauvre grand’mère n’était donc sortie d’une douleur que pour retomber dans de nouveaux chagrins et dans de nouvelles appréhensions.

Deschartres lui avait rapporté de son orageux entretien