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à rien. Je ne puis accepter un si grand sacrifice, je ne pourrais peut-être jamais t’en dédommager. Et puis, ma mère ! ma mère m’appelle, et moi, je brûle de la rejoindre, en même temps que l’idée de te perdre me fait tourner la tête ! Allons, il faut pourtant prendre un parti, et voici ce que je demande : c’est de ne rien décider encore, c’est de ne pas brusquer les choses de manière à ne pouvoir plus s’en dédire. Je vais passer un certain temps auprès de ma mère, et t’envoyer immédiatement ce que tu m’as prêté. Ne te fâche pas, c’est la première dette que je veux payer. Si tu persistes dans ta résolution, nous nous retrouverons à Paris. Mais jusque-là réfléchis bien, et surtout ne me consulte pas. Adieu. Je t’aime éperduement, et je suis si triste que je regrette presque le temps où je pensais à toi sans espoir dans les déserts de la Croatie. » LETTRE XVIII.

À Mme Dupin, à Nohant. « Paris, 3 floréal an IX (avril 1801).

« Je pars lundi. Je vais donc enfin te revoir, ma chère mère, te serrer dans mes bras ! Je suis au comble de la joie. Toutes ces lettres, toutes ces réponses sont d’une lenteur insupportable. Je me repens de les avoir attendues et d’avoir reculé le plus doux moment de ma vie.

Paris m’ennuie déjà. C’est singulier, depuis quelque