Page:Sand - Histoire de ma vie tomes 1a4 1855 Gerhard.djvu/262

Cette page n’a pas encore été corrigée

Nous descendons enfin dans la plaine : on s’y battait. Un hussard venait de prendre un beau cheval ; je l’arrête, et me voilà monté, chose assez nécessaire à la guerre. Ce matin, je porte un ordre aux avant-postes ; je trouve les chemins jonchés de cadavres. Demain, ou cette nuit, nous avons une bataille rangée. Bonaparte n’est pas patient, il veut absolument avancer. Nous y sommes tous fort disposés…………………….

« Nous dévastons un pays admirable. Le sang, le carnage, la désolation marchent à notre suite, nos traces sont marquées par des morts et des ruines. On a beau vouloir ménager les habitans, l’opiniâtreté des Autrichiens nous force à tout canonner. J’en gémis tout le premier, et tout le premier pourtant, cette maudite passion des conquêtes et de la gloire me saisit et me fait désirer impatiemment qu’on se batte et qu’on avance. »


LETTRE I.

De Maurice à sa mère.

« Stradella, 21 prairial.

« Nous courons comme des diables. Hier, nous avons passé le Pô et rossé l’ennemi. Je suis très fatigué. Toujours à cheval, chargé de missions délicates et pénibles, je m’en suis tiré assez bien, et t’en donnerai des détails lorsque j’aurai un peu de temps. Ce soir, je n’ai que celui de t’embrasser et de te dire que je t’aime. »