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ma grand’mère, le père de mon mari était colonel de cavalerie sous l’empire. Mais il n’était ni rude, ni grognon : c’était le meilleur et le plus doux des hommes.

À ce propos, et j’en demande bien pardon à mes biographes ; mais, au risque de me brouiller avec eux et de payer leur bienveillance d’ingratitude, je le ferai ! je ne trouve ni délicat, ni convenable, ni honnête, que pour m’excuser de n’avoir pas persévéré à vivre sous le toit conjugal, et d’avoir plaidé en séparation, on accuse mon mari de torts dont j’ai absolument cessé de me plaindre depuis que j’ai reconquis mon indépendance. Que le public, à ses momens perdus, s’entretienne des souvenirs d’un procès de ce genre, et qu’il en ait gardé une impression plus ou moins favorable à l’un ou à l’autre, cela ne se peut empêcher ; et il n’y a pas à s’en soucier de part ni d’autre, quand on a cru devoir affronter et subir la publicité de pareils débats. — Mais les écrivains qui s’attachent à raconter la vie d’un autre écrivain, ceux surtout qui sont prévenus en sa faveur et qui veulent le grandir ou le réhabiliter dans l’opinion publique, ceux-là ne devraient pas agir contre son sentiment et sa pensée, en frappant d’estoc et de taille autour de lui. La tâche d’un écrivain en pareil cas est celle d’un ami, et les amis ne doivent pas manquer aux égards qui sont, après tout, de morale publique. Mon mari est vivant et ne lit ni mes