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« Tu vas te reposer ? Hélas ! je le souhaite ; mais ne néglige pas de m’écrire un mot seulement : je respire. C’est tout ce que te demande ta pauvre mère, car l’ivresse de ma joie pour ton volume s’affaiblira bientôt, je le sais, devant de nouvelles inquiétudes, et, s’il me faut être encore six semaines sans entendre parler de toi, mes tourmens vont recommencer. Je finis ma lettre comme finit la tienne : « Quel bonheur j’aurai à te voir cet hiver ! » Là, dans ma chambre, près de mon feu ! Toutes ces friandises que nous faisons, je me dis à chaque instant que c’est pour toi. La vieille bonne dit : « C’est pour Maurice, je sais ce qu’il aime. » Deschartres fait de mauvais vin qu’il croit admirable, et il prétend que tu le trouveras bon. Il pleure en parlant de toi. Saint-Jean a fait un cri affreux quand je lui ai dit que tu t’étais trouvé à trois batailles, et il s’est écrié : Ah ! c’est qu’il est brave, lui ! Enfin, c’est une ivresse ici que l’idée de ton retour. Je t’embrasse, mon enfant ; je t’aime plus que ma vie. Ma santé est toujours de même : je prends des eaux de Vichy qui me soulagent quelquefois ; je voudrais être bien guérie pour ton retour, car je ne veux me plaindre de rien quand tu seras près de moi. Il faut que tu sois attaché à l’état-major, je le veux absolument ; mais notre pauvre amie de la rue de l’Arcade est dans un malheur affreux : son fils aîné est toujours dans les fers, l’autre