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d’une mère trouve si facilement au fond de son cœur pour un fils qui s’éloigne d’elle pour la première fois. Je n’entreprendrai pas, madame, d’arrêter les premiers mouvemens de votre sensibilité ; ils sont trop justes et je n’ai pas le bonheur d’être père, mais je sens que je méritais de l’être, à en juger par l’effet que votre lettre a produit sur moi.

« Agréez, madame, avec bonté, mes hommages les plus respectueux.

« Le citoyen LATOUR-D’AUVERGNE CORRET, capitaine d’infanterie. » LETTRE XII.

« 27 vendémiaire au soir, an VII (octobre 98).

« Je pars aujourd’hui, ma bonne mère ; je viens de prendre congé de mon capitaine, qui, tout enchanté de ta lettre, m’en a donné une pour le chef d’escadron ; puis il m’a embrassé avec effusion. Je ne sais pas ce que je lui ai fait, mais tout froid qu’il est, ce digne homme, il a l’air de m’aimer comme son fils. Beurnonville m’a recommandé de toutes parts : lui aussi me comble de bontés ; il m’appelle son Saxon. Je crois bien que c’est aux lettres de ma bonne mère, encore plus qu’à ma bonne volonté que je dois tout cela. Je t’envoie un duplicata de ma conscription. Beaumont m’a mené à sa section et m’a fait inscrire.

Cette démarche était nécessaire ; sans cela, malgré ma présence au