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les gestes ; voici une couronne de fleurs ; nous te conduirons à l’hôtel de ville, tu présenteras ces fleurs et diras ce compliment aux citoyens Bailly et La Fayette, et tu auras bien mérité de la patrie. » Victoire s’en fut gaîment remplir son rôle au milieu d’un chœur d’autres jolies filles, moins gracieuses qu’elle apparemment, car elles n’avaient rien à dire ni à présenter aux héros du jour, elles n’étaient là que pour le coup d’œil.

La mère Cloquart (la bonne maman de Victoire) suivit sa petite-fille avec Lucie, la sœur cadette, et toutes deux bien joyeuses et bien fières, se faufilant dans une foule immense, réussirent à entrer à l’hôtel de ville et à voir avec quelle grâce la perle du district débitait son compliment et présentait sa couronne. M. de La Fayette en fut tout ému, et prenant la couronne, il la plaça galamment et paternellement sur la tête de Victoire en lui disant : « Aimable enfant, ces fleurs conviennent à votre visage plus qu’au mien. » On applaudit, on prit place à un banquet offert à La Fayette et à Bailly. Des danses se formèrent autour des tables, les belles jeunes filles des districts y furent entraînées ; la foule devint si compacte et si bruyante, que la bonne mère Cloquart et la petite Lucie, perdant de vue la triomphante Victoire, n’espérant plus la rejoindre et craignant d’être étouffées, sortirent sur la place pour l’attendre ; mais la foule les