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de ne pouvoir plus y rentrer comme autrefois, surtout à celle de la Révolution ; c’était par là que j’allais au bois de Boulogne avec toi ou à cheval. J’ai bien de la peine, quand je passe par les mêmes endroits et quand j’arrive à cette barrière, à ne pas me mettre à courir vers le lieu où tu demeures pour t’embrasser… Mais je suis retenu par quelques petites considérations : j’aperçois de là la guillotine, et, avec une lunette, je lirais le journal sur une des tables du café de la Terrasse des Feuillants… Oh ! si le ciel exauce ma prière, je t’assure que nous serons bientôt réunis pour ne plus jamais nous quitter. Oh ! ce sera pour moi le comble du bonheur !

Adieu, ma bonne mère, je te serre contre mon cœur.

Maurice.


LETTRE VII

(Sans date.)

Tu dates toujours tes lettres de six heures du matin. Cette heure me choque, ma bonne mère ; tu te couches tard, donc, tu ne dors pas assez. Je crains que cela ne prenne sur ta santé

Ce soir, comme nous lisions en marchant, sur la route de Versailles, nous avons entendu une voix nous appeler ; c’était Feuillet, du comité révolutionnaire. Il nous a fait beaucoup d’amitiés et nous a demandé de tes nouvelles. Comme il était en voiture, nous n’avons pu lui parler longtemps.

On dit que si les commissions ne sont pas mises en