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pas un rêve de le croire. Isolément, vous le trouverez toujours et partout pétri des mêmes misères, imbu des mêmes erreurs et incapable de se rendre heureux ou sage, tranquille ou fort dans son œuvre personnelle. Mais toujours et partout vous le trouverez capable de ressentir ces grandes commotions électriques, grâce auxquelles, à un jour donné, tous deviennent sublimes.

C’est que l’homme est plus grand et meilleur qu’il ne le croit et qu’il ne le sait. Tout son mal est d’avoir encore la vie matérielle trop difficile sur la terre. Il s’y absorbe, il oublie que, plus il se détache de l’intérêt commun, plus il s’affaiblit et se ruine. Il lui faut des cataclysmes pour sentir que sa vie est celle des autres, comme celles des autres est la sienne.

Mais aussi comme il le sent bien quand l’élan est donné ! Comme cette vie supérieure coule en lui à pleins bords, comme elle le grandit, comme elle l’enlève à lui-même, comme elle lui fait paraître frivoles les grands intérêts et les bons raisonnements de la veille ! Le peuple aime le merveilleux, cela est certain. Et il ne songe pas que le merveilleux par excellence, l’inouï, le fabuleux, c’est lui-même en de certains jours, c’est le spec-