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« Vous ne m’avez pas répondu, Rolande ! Je le comprends. Je sais à présent pourquoi. Vous ne pouvez vous résoudre à me parler de ce pauvre malheureux ! Vous savez ce que j’ignorais, ce que je sais enfin ; c’est votre mari qui l’a traité en ennemi mortel, en jaloux féroce. Ah ! que je le hais, votre cher époux !… Mais vous, Rolande, quel est donc votre rôle en tout ceci ? Je m’y perds. Vous n’êtes pas coquette, peut-être aimiez-vous Salcède ? Sans doute vous avez été flattée de l’emporter sur moi et de voir à vos pieds un jeune homme si accompli, si supérieur au triste mari imposé à votre inexpérience. Vous aurez eu un instant d’émotion que M. de Flamarande aura surpris. Quoi qu’il en soit, vous êtes une enfant, et je vous pardonne. Je me sens, dans ma douleur et mon humiliation, bien supérieure à vous, puisque je n’abandonne pas mon infidèle et me dévoue à lui, quoi qu’il arrive.

» Ne soyez pas surprise si à l’avenir je cesse nos relations, et si j’évite de vous rencontrer. Vous portez un nom qui m’est désormais odieux, et, que vous soyez niaise ou perfide, je ne peux plus avoir de confiance en vous. »


J’étais d’avis que M. le comte me laissât recacheter cette lettre, afin que madame la reçût, et qu’on pût s’emparer de la réponse.

— Non, dit-il, la réponse ne serait qu’une protestation mensongère. Il n’y aura plus de confi-