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Flamarande avec une dignité froide, nous ne prononcerons jamais son nom, et, si vous voulez m’être agréable, vous ne parlerez jamais de lui avec madame de Montesparre. La baronne n’est point une personne de votre âge. Elle a trop d’expérience pour vous. Je désire que votre grande amitié improvisée se calme assez pour que vous n’ayez plus lieu d’échanger des confidences.

— En ceci comme en tout, répliqua la comtesse, je ferai votre volonté.

Quand elle se fut retirée, le comte, qui m’avait fait signe de passer dans son cabinet, me rappela.

— Vous avez entendu, Charles ?

J’hésitais à répondre.

— Je désire, reprit-il, que vous soyez au courant de tout ceci. Savez-vous pourquoi j’ai fait ce mensonge à madame ?

— Pour l’éprouver sans doute. M. le comte n’espère pas qu’elle ignorera toujours la vérité.

— Je désire qu’elle l’ignore jusqu’à ce que je connaisse, moi, son véritable caractère. Que sait-on d’une femme ? Celle-ci montre une douceur candide et me cache peut-être des abîmes de perversité.

— Oh ! monsieur le comte ! à seize ans, sortant d’une famille austère…, ce serait trop fort, c’est impossible.

— Nous verrons, j’observerai. Je ne peux rien savoir du passé, l’avenir m’éclairera.