Page:Sand - Flamarande.djvu/63

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

— Je ne l’ai appris de personne.

— Vous l’avez appris par le concierge en rentrant.

— Nous n’avons pas échangé un mot, cet homme et moi.

— Pourquoi rentriez-vous ici quand tous vos compagnons restaient au rendez-vous de chasse ?

— Seul je n’étais pas ivre, et leur bruit m’était insupportable.

— Vous êtes un maladroit : vous deviez feindre l’ivresse et dire qu’en entrant chez moi, vous avez cru entrer chez vous.

— Je n’ai rien à feindre. J’ai cru entrer dans un appartement où il n’y avait plus personne.

— Eh bien, alors pourquoi ? Expliquez donc cette charmante fantaisie !

— Je ne peux pas l’expliquer, on n’explique pas une fantaisie.

— Il suffit, reprit le comte. Il ne me convient pas que ma femme soit l’objet d’une fantaisie quelconque dans votre pensée. Nous allons entrer dans cette prairie au bout de laquelle est un petit bois, nous tirerons au sort, et celui à qui échoira le fusil tuera l’autre à bout pourtant.

— Non, Adalbert, non ! nous nous donnerons rendez-vous à Paris, où dès demain je vais me rendre pour recevoir vos ordres.

— Vous espérez que jusque-là j’aurai faibli, qu’on m’aura persuadé… Non, je veux votre mort