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avec son fermier. Il m’avait commandé de l’augmenter, si, après vérification de ses livres, je trouvais le chiffre du fermage trop au-dessous de sa valeur. Michelin me parut un très-galant homme qui voulait s’en remettre à la loyauté héréditaire dans la famille de Flamarande. Il ne fit donc aucune difficulté pour me confier ses livres, que j’emportai à Montesparre, où je devais avoir le loisir d’en faire l’examen.

Cela me prit du temps, car, si les livres de Michelin enregistraient chaque chose avec exactitude, ils manquaient absolument de méthode, et je devais m’en faire une pour m’y reconnaître. Je devais aussi me renseigner sur la valeur des produits du pays. Je passai donc un mois à Montesparre, absorbé par ce travail et ne sachant presque rien de ce qui se passait dans le château : confiné dans ma chambre, j’y travaillais avec ardeur, et, en fin de compte, je jugeai devoir déclarer à mon maître que le père Michelin donnait un prix convenable et peu susceptible d’augmentation : le pays ne produisant que de l’herbe, tout le revenu était fondé sur l’élevage des bestiaux.

— C’est fort bien, Charles, répondit M. le comte. Retournez à Flamarande, et renouvelez mon bail avec Michelin aux mêmes conditions que par le passé.

Je voulus me rendre à pied à Flamarande par la traverse, et, comme on me dit qu’un guide était nécessaire, j’en pris un. Ce fut le même Ambroise