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difficiles et les dépenses à faire trop considérables : Flamarande avait été délaissé depuis plus d’un siècle. Madame parut se rendre à ces raisons, que je goûtais fort pour mon compte, l’idée d’habiter cet affreux coupe-gorge ne me souriant pas du tout. J’étais loin de penser que j’y viendrais volontairement finir mes jours.

Quand je vis que leur conversation n’avait rien que de très-innocent, je me retirai sans bruit. Madame tint fidèlement compagnie au blessé et ne vit pas les alentours, comme elle l’avait projeté. M. le comte rentra vers le soir, exténué de fatigue et n’ayant rien tué. La chasse était trop difficile pour lui dans un pays pareil. Il n’était pas fort et se montra fort abattu au souper ; mais il ne me parut en proie à aucune velléité de jalousie. Comme je lui arrangeais son nécessaire de toilette dans son grenier à paille, il voulut savoir si le marquis était réellement très-blessé. Je répondis que j’avais vu le mal et qu’il était sérieux ; j’attendais qu’il me demandât si c’était un accident volontaire. Il n’y songea point, et je crus convenable de ne rien dire.

Le lendemain, on repartit dans la matinée. M. de Salcède insistait pour que l’on prît à travers la montagne pour gagner Montesparre, qui n’était qu’à cinq lieues par cette voie, tandis qu’il en fallait faire dix pour s’y rendre par la route postale. L’homme qui conduisait notre petite calèche nous dit que, si nous voulions mettre pied à terre dans