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noyés. Rien ne le prouve, elle n’y croit pas, elle espère, elle s’exalte, elle devient folle. Il la brutalise et la menace. Elle a dû renoncer à ses recherches et retourner en Italie ; mais, en partant, elle m’écrit en secret pour me supplier de les continuer, et je le veux bien, mais je ne sais comment m’y prendre. Il faut que vous acceptiez ce soin-là. Vous êtes riche, vous êtes libre, vous aimez les voyages, que je n’aime point du tout. Il faut retrouver cet enfant ou acquérir la preuve de sa mort, à laquelle je ne crois pas pour mon compte. Voici pourquoi : un mien cousin, qui demeure l’été près de Bourges (le vieux Frépont que vous avez vu à Montesparre lorsqu’il se faisait battre au billard par M. de Flamarande), m’a dit tout à l’heure avoir vu au relais de poste de Bourges, le 16 mai 1841, un voyageur qui pressait les postillons pour changer ses chevaux, et qui est remonté dans son coupé, d’où sortaient les vagissements d’un petit enfant. Frépont se rappelle la date, qui est celle de la naissance de sa petite-nièce. Il courait au-devant du père, qui arrivait de Paris, et il regardait avec anxiété toutes les voitures et toutes les figures qu’il rencontrait. Celle du voyageur en question lui parut invraisemblable, c’est son expression, et son accent contrefait. Il assure avoir parfaitement reconnu M. Charles, le valet de chambre dévoué et gâté du comte de Flamarande, le même qui a été dans la confidence de toutes choses à Montesparre. Mon vieux Frépont