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ment aimé M. de Salcède, et, se croyant aimée de lui, elle avait eu l’imprudence de lui ouvrir son cœur ; mais Salcède n’avait aimé qu’une femme en sa vie ; il l’aimait toujours. Selon lui, cette femme, madame de Flamarande, ne lui avait jamais appartenu. Je n’avais sous les yeux aucune dénégation formelle écrite de sa main ; je constatais seulement sa discrétion persévérante par les réponses de madame de Montesparre, qui, du reste, était fort sceptique à l’endroit de cette prétendue innocence. J’en citerai quelques traits que j’ai transcrits cette nuit-là.


« 1845, 13 avril, Paris.

» Quittez l’Amérique, revenez ! Elle a ou elle aura bientôt besoin de vous. Elle n’est pas si consolée, elle n’est pas si heureuse que je vous le disais et qu’on le croyait autour d’elle. Elle a bien eu un second fils qu’elle adore et que son mari ne peut attribuer qu’à lui-même ; mais l’autre, celui qu’elle a perdu et qu’elle a cru mort naturellement,… il faut bien à présent tout vous dire, vous êtes guéri, vous êtes de force à supporter un nouveau coup ; ce premier enfant, qu’on lui a dit mort de maladie, M. de Flamarande l’a renié, et, selon toute apparence, il l’a fait ou l’a laissé mourir, ou encore il l’a fait disparaître et élever quelque part. Rolande est à Sévines depuis huit jours, et là elle a appris de son mari que l’enfant et la nourrice avaient été