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songeant qu’à bien élever son fils. Dès mon premier regard sur elle et sur son intérieur, je compris qu’elle avait vendu notre secret et je lui reprochai sa trahison.

— Je n’ai rien fait de mal, répondit-elle. On m’a découverte je ne sais comment. Je vivais tranquille à Villebon et ne me montrais jamais à Paris. On est venu me supplier, me menacer, me questionner. On m’a promis le double de ce que j’avais reçu de vous, et on a ajouté qu’on ferait plus tard un sort à mon fils. J’ai refusé ; mais, quand j’ai vu les billets de banque et le monsieur si comme il faut

— Un grand jeune homme avec des cheveux blancs ?

— Justement ; mais je ne sais ni son nom, ni son pays, ni où il demeure. Il me parlait du chagrin de cette pauvre mère à qui on cache toujours son fils, à ce qu’il paraît. J’ai cédé, je vois bien que vous allez me retirer ma pension, c’est votre droit et c’est juste. Je peux m’en passer, j’en ai une meilleure, car le capital est placé au nom de mon fils.

Je crus prudent de ne pas punir par l’amende la trahison de cette femme ; elle nous abandonnait, mais elle ne nous dénonçait pas. Je me retirai en lui laissant croire que M. de Flamarande avait toujours l’intention de reprendre son fils, et que madame de Flamarande acceptait le retard apporté à cette décision. Je n’informai mon maître de rien,