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madame de Flamarande, et, en lui écrivant prudemment comme pour lui demander un service, elle se réservait de lui apporter une grande joie. Il fallait donc me hâter de tout révéler à la comtesse, si je voulais en avoir le mérite, au lieu de porter la honte et l’odieux d’être signalé par d’autres à son aversion.

Je ne dormais plus, et de nouveau je me sentais très-malade.

— Il faut en finir, me disais-je ; ce soir, demain, je parlerai.

Et je ne parlais pas, redoutant l’éclat de cette bombe incendiaire que j’allais lancer dans un intérieur redevenu si paisible et si satisfait.

Et d’ailleurs, comment parler dans cette maison où tout était minutieusement surveillé par le maître en personne ? Il ne se fiait peut-être plus à moi, et, sans en faire rien paraître, il m’espionnait sans doute assez pour voir que je n’espionnais plus. Une fois déjà, à Sévines, il m’avait surpris, prêt à le trahir ; il avait vu sa femme à mes pieds. — Je songeai que, si je pouvais rencontrer madame dehors, j’aurais bien l’habileté de lui parler sur la portière de sa voiture sans être entendu de Joseph ; mais Roger et sa bonne, une grosse Normande très-curieuse, l’accompagnaient partout. Je me mis à suivre madame dans Paris. Je n’étais pas valet de pied, je ne pouvais monter derrière sa voiture. Je prenais un cabriolet de place et le payais fort cher