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Un autre jour, je reçus des mains du facteur une lettre à son adresse, et je reconnus l’écriture de madame de Montesparre. J’étais résolu à ne plus servir d’espion, et j’allais remettre cette lettre à Julie lorsque M. le comte passa près de moi rapidement et la prit en disant :

— Suivez-moi.

Quand je fus dans son cabinet :

— Lisez-moi cela, dit-il.

Je ne voulais plus, je tremblais, ma révolte allait éclater. Il ne voulut pas s’en apercevoir. Il brisa le cachet et me remit le papier en disant :

— Lisez donc !

Je lus :

« Montesparre, le 2 janvier 1846.

» Ma chère Rolande, j’ai à vous parler ; je serai à Paris dans quelques jours. Je descendrai à mon appartement, toujours le même, et je vous attendrai, car j’ai horreur de votre mari et ne veux pas le voir. Je ne vous parlerai pas de Salcède, je ne sais où il est. Je vous parlerai de moi. Vous devinez que j’ai besoin d’un service, et, quel que soit le passé entre nous, je vous connais trop pour croire que vous hésiterez.

» BERTHE. »

— Fort bien, dit le comte en reprenant la lettre.