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été porté en carrosse et nourri de bouchées à la reine avant de naître ; Espérance ne savait pas cela, mais il le sentait, et, sans donner une forme à ses idées d’enfant, il éprouvait sans doute l’étonnement et peut-être l’effroi de vivre autrement qu’il n’eût vécu sans le comte de Flamarande et sans moi ! Aussi, quand il me regardait, j’étais prêt à baisser les yeux, et, quand il se refusait à mes caresses, je me disais :

— C’est bien fait, tu as ce que tu mérites.

J’avais obtenu de mon maître un mois de vacances, j’en pris deux sans lui en demander la permission. Je craignais de me trouver près de lui et ne désirais que le mécontenter pour avoir le droit de rompre. Il avait répondu de ma dette paternelle, et mes créanciers avaient pris patience ; mais j’étais encore assez jeune pour trouver un emploi, et M. le comte savait bien que j’étais trop scrupuleux pour oublier de m’acquitter.