Page:Sand - Flamarande.djvu/176

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

nir secret le genre de mort attribué à l’enfant : ne craint-il pas qu’elle ne l’apprenne quand elle se retrouvera sur le théâtre de l’événement ?

— Si elle doit l’apprendre un jour, mieux vaut qu’elle l’apprenne à Sévines qu’ailleurs ; ce sera une affaire enterrée, et elle n’aura plus la préoccupation de la fluxion de poitrine pour Roger.

Le premier soin de madame dès qu’elle fut installée à Sévines fut de demander à pénétrer dans le caveau de famille pour y voir la tombe de son premier-né.

— Je ne savais pas si M. le comte avait prévu la nécessité de cette tombe, et je fus fort troublé quand madame me fit demander les clefs. Je courus dire mon embarras au comte, qui se leva tranquillement et se rendit chez elle. Julie m’a raconté leur conversation.

— Il faut, dit-il à sa femme avec assez de douceur, que vous me fassiez la promesse de renoncer à voir cette tombe. Votre santé est nécessaire à votre fils, et vous devez refouler et fuir les émotions qui l’ont si sérieusement compromise.

Madame répondit qu’elle aurait le courage nécessaire ; elle le jura, mais elle insista avec une obstination tout à fait inusitée. M. le comte y mit beaucoup de patience, et, comme il ne gagnait rien sur elle, il sentit qu’il allait s’emporter et se leva en lui disant :

— Je voulais vous épargner une douleur nou-