Page:Sand - Flamarande.djvu/167

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

— J’ai été soldat, j’ai fait des campagnes en Afrique. Revenu au pays, j’ai exercé trente-six métiers, au loin et auprès.

— Vous savez peut-être le patois ou la langue que parle cet enfant ? Essayez donc de le faire causer.

— J’ai essayé, je n’y ai rien compris ; puis je le comprendrais que je n’en dirais rien.

— Pourquoi, Yvoine ?

— Parce que je ne suis pas bavard, voilà tout. Mais la nuit vient, et Michelin m’attend pour me montrer sa vache borgne. Au revoir, et votre serviteur, monsieur Charles.

Il se leva en emportant Espérance sur son épaule, et il me laissa en proie à de graves perplexités. Était-ce là un homme capable de pénétrer un secret comme celui de M. de Flamarande, et dont il fallait acheter le silence en lui faisant quelque feinte ouverture ? C’était beaucoup risquer avec un paysan qui était peut-être plus facétieux que malin.