Page:Sand - Flamarande.djvu/104

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

vu. Je ferai une diversion. Veillez à tout. Dès la nuit, une voiture sera prête. Vous y monterez avec la nourrice et l’enfant, et vous filerez sur le Midi sans vous arrêter nulle part ; mais attendez. Je veux rendre la chose aussi peu tragique que possible. Appelez-moi le docteur.

Le docteur fut appelé, et, comme il vantait le courage et la belle humeur de madame la comtesse :

— Docteur, lui répondit M. le comte, méfiez-vous un peu de cette belle humeur-là. Madame est très-nerveuse et très-exaltée. Tâchez d’obtenir qu’elle repose et ne voie pas l’enfant avant quelques heures d’ici.

Le médecin crut devoir se conformer à cette précaution. Madame ne voulait pas dormir. Il l’y engagea en lui disant que c’était nécessaire. Elle voulait voir son enfant. Elle se plaignait doucement de ne pas le nourrir elle-même et de ne pas avoir encore aperçu la nourrice. M. le comte dut s’en mêler et lui parler de sa voix sèche et impérative. Elle se soumit, s’enferma avec Julie et dormit, vaincue par la fatigue.