Page:Sand - Flamarande.djvu/100

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

— Non pas, reprit-il. Un accident subit comme celui dont je voulais profiter me dispensait du mensonge, tandis qu’il me faudra inventer je ne sais quel autre sinistre.

— Eh bien, obligez madame à consentir à la séparation. Persuadez-lui que la vie de son enfant l’exige pour les raisons que j’ai spécifiées dans la déclaration. Ce sera moins cruel quand vous lui direz, dès que vous la verrez en état de recevoir le coup, que cet enfant à peine connu d’elle est mort loin d’elle.

— Non, non ! s’écria le comte. Je veux qu’elle le pleure amèrement. C’est là le châtiment, et il n’est que trop doux.

Puis, regardant d’un air sinistre le fleuve couleur de plomb qui reflétait un ciel gris et bas :

— Il pleuvra encore, dit-il, et la Loire monte toujours ! Évidemment le ciel est pour moi et avec moi. Donnez-moi cette déclaration, puisqu’il faut cacher le motif de ma vengeance pour en assurer l’effet !