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— Non, il faut que vous partiez.

— Je ne comprends pas.

— Je m’expliquerai plus tard, mon amie. Je crois en vous comme en Dieu, vous le voyez bien ; ayez confiance en moi. Partez.

Thérèse fit à la hâte un léger paquet qu’elle jeta dans le voiturin, et elle y monta auprès de Laurent, en criant à Palmer :

— J’ai votre parole d’honneur que vous venez me rejoindre dans vingt-quatre heures.





VIII


Palmer, forcé réellement de rester à Florence et d’en éloigner Thérèse, fut frappé d’un coup mortel en la voyant partir. Cependant le danger qu’il redoutait n’existait pas. La chaîne ne pouvait pas être renouée. Laurent ne songea même pas à émouvoir les sens de Thérèse ; mais, certain de n’avoir pas perdu son cœur, il résolut de reprendre son estime. Il le résolut, disons-nous ? Non, il ne fit aucun calcul, il éprouva tout naturellement le besoin de se relever aux yeux de cette femme qui avait grandi dans son esprit. S’il l’eût implorée en ce moment, elle lui eût résisté sans peine, elle l’eût peut-être méprisé. Il s’en garda bien, ou plutôt il n’y songea pas. Il fut trop bien inspiré pour commettre une pareille faute. Il prit de bonne foi et d’enthousiasme le rôle du cœur brisé, de l’enfant soumis et châtié, si bien qu’au bout du voyage, Thérèse se demandait si ce n’était pas lui la victime de ce fatal amour.

Pendant ces trois jours de tête-à-tête, Thérèse se trouva heureuse auprès de Laurent. Elle voyait s’ouvrir une nouvelle ère de sentiments exquis, une route inexplorée, puisque, dans cette voie, elle avait jusque-là marché seule. Elle savourait la douceur d’aimer sans remords, sans inquiétude et sans combat, un être pâle et faible, qui n’était plus pour ainsi dire qu’une âme, et qu’elle s’imaginait retrouver dès cette vie, dans le paradis des pures essences, comme on rêve de se retrouver après la mort.

Et puis elle avait été profondément froissée et humiliée par lui, brouillée et irritée contre elle-même ; cet amour, accepté avec tant de vaillance et de grandeur, lui avait laissé une flétrissure, comme eût fait un entraînement de pure galanterie. Il était venu un moment où elle s’était méprisée de s’être laissé si grossiè-