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leur part, et aussi indifférents de la vôtre, que ceux que j’ai moi-même avec vous. M. Palmer est très-beau, et ses manières sont d’un galant homme. Il m’est très-sympathique. Je n’ai ni le droit ni la présomption de vous demander compte de vos sentiments particuliers. Seulement… vous allez dire que je vous ai espionnée…

— Oui, au fait, dit Thérèse, qui ne parut pas songer à nier la moindre chose, pourquoi m’espionniez-vous ? Cela me paraît mal, bien que je n’y comprenne rien. Expliquez-moi cette fantaisie.

— Thérèse ! répondit vivement le jeune homme, résolu à se débarrasser d’un reste de souffrance, dites-moi que vous avez un amant, et que cet amant est Palmer, et je vous aimerai véritablement, je vous parlerai avec une ingénuité complète. Je vous demanderai pardon d’un accès de folie, et vous n’aurez jamais un reproche à me faire. Voyons, voulez-vous que je sois votre ami ? Malgré mes forfanteries, je sens que j’ai besoin de l’être et que j’en suis capable. Soyez franche avec moi, voilà tout ce que je vous demande !

— Mon cher enfant, répondit Thérèse, vous me parlez comme à une coquette qui essayerait de vous retenir près d’elle, et qui aurait une faute à confesser. Je ne peux pas accepter cette situation ; elle ne me convient nullement. M. Palmer n’est et ne sera jamais pour moi qu’un ami fort estimable, avec qui je ne vais même pas jusqu’à l’intimité, et que j’avais depuis longtemps perdu de vue. Voilà ce que je dois vous dire, mais rien au delà. Mes secrets, si j’en ai, n’ont pas besoin d’épanchement, et je vous prie de ne pas vous y intéresser plus que je ne souhaite. Ce n’est donc pas à vous de m’interroger, c’est à vous de me répondre. Que faisiez-vous ici, il y a quatre jours ? Pourquoi m’espionniez-vous ? Quel est l’accès de folie que je dois savoir et juger ?

— Le ton dont vous me parlez n’est pas encourageant. Pourquoi me confesserais-je, du moment que vous ne daignez