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notre part souvent lourde ou irritante ; mais à qui la faute ? Ce n’est pas celle de la vie ; c’est la nôtre, à nous qui oublions de vivre pour aspirer à des plaisirs ou à des travaux qui la détériorent ou la détruisent. À quoi songent tous ces bourgeois qui vont se lever de grand matin pour aller surveiller le rendement de leurs terres et le prix courant de leurs blés ? Des terres ! avoir des terres ! voilà leur rêve à tous, et voilà pourquoi ils se privent de tout. Et la terre est là pourtant, qui leur dit : « Je suis précieuse et bonne, parce que la vie est en moi. Mettez une poignée de moi dans un pot et semez-y quelques petites graines de réséda ou de violettes, je vous ferai pousser de quoi vous enivrer des plus doux parfums. » Quant à nous, chère amie, vivons pour vivre et réjouissons-nous dans tout ce qui vit, comme nous nous amusons de tout ce qui n’est pas la mort. — Voyons ! n’es-tu pas mort ? ajoute-t-il en voyant revenir mon frère.

— Partons, dit celui-ci. Ne viens-tu pas nous reconduire un peu ?

— Si fait bien. Je vous reconduis jusqu’à Montgivray. J’ai besoin de prendre l’air.

L’idée est étrange, car nous l’avons pris toute