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sans y faire la plus simple allusion. Il ne tire aucune conséquence de ses études ; il les donne telles qu’elles lui sont venues, elles sont belles et touchantes, elles sont vraies, elles sont l’expression de la Suisse telle qu’elle s’est constituée et comportée dans le cours de son histoire.

Gotthelf est né en 1797. Il a commencé à publier en 1836 et il est mort, après avoir beaucoup produit, en 1854. Il a donc décrit une Suisse qui a déjà beaucoup changé. Les chemins de fer et l’affluence des voyageurs ont transformé en apparence une notable partie de la population. Déjà les conteurs et romanciers d’aujourd’hui nous montrent des montagnards, dirai-je plus civilisés ? malheureusement oui, si la civilisation consiste à étendre le bien-être matériel au détriment de la sérénité intérieure. C’est du moins en ce sens qu’elle se développe de nos jours. L’homme songe à son corps avant de songer à son être moral. C’est peut-être d’ailleurs une loi de tous les temps, qui nous frappe particulièrement quand nous la subissons. Le Suisse veut s’enrichir, il ne porte plus dans ses travaux la conscience et l’amour du beau et du bon. Il fait de la pacotille. Le commerce l’y excite. Ce n’est