Page:Sand - Dernieres pages.djvu/282

Cette page a été validée par deux contributeurs.
274
DERNIÈRES PAGES

moins un sérieux hommage à la mémoire d’un des plus puissants créateurs de notre nouveau modus vivendi littéraire. Pour réussir dans une entreprise qui a pris un si prompt et si vaste développement, il faut autre chose que l’amour de l’argent.

Aussi Michel avait-il plus d’ambition de gloire que d’appétit de richesses, et, en le décorant, Jules Simon lui a rendu justice. Il a compris en quoi consistaient les services immenses rendus au progrès. C’était de ceux-là seulement que Michel était fier, car aucun homme n’a moins joui de la fortune au point de vue matériel. Il vivait simplement, sobrement, et ne se reposait de ses rudes travaux qu’en lisant un livre ou écoutant une pièce de théâtre. Il était amoureux des arts, épris de musique et de peinture, il était partout où se produit l’essor d’un talent quelconque, même dans des spécialités étrangères à son industrie. Il sentait que tout se tient dans le domaine de l’intelligence et il s’intéressait à tous les genres d’éclosion, à toutes les tentatives de développement. Dix minutes avant sa mort, il assistait à une pièce nouvelle et il racontait à un mien ami qu’il s’était occupé,