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trompé sur la possibilité de soutenir l’effort de l’Allemagne. Et devant cet homme investi du pouvoir suprême, homme parfait, je le suppose tel, qui ne sait pas, qui ne voit pas, qui marche dans un rêve, qui dispose d’une nation dont il ignore les ressources et dont il contrarie les besoins en lui supposant ceux qu’elle n’a pas, je crois qu’il y aurait enfin à reconnaître que le meilleur des hommes peut être le plus funeste des souverains, que remettre les destinées de tous à un seul est l’acte le plus coupable et le plus insensé que puisse commettre un peuple civilisé. Ah ! nous sommes des Français du dix-neuvième siècle, et nous voulons encore nous payer « des enfants du miracle » : Henri V, le futur sauveur ; des « hommes du destin » : Napoléon le foudroyé ; des empereurs « à mission » : Napoléon le néfaste ! Continuons ! Après Waterloo et Sedan, il y a encore des abîmes pour nous reposer de nos gloires, de nos splendeurs et de nos fêtes.