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en raison de l’étrangeté ou de la beauté des sites où l’on se trouve. Outre la disposition de l’esprit et du corps, il y a des moments particuliers, certaines nuances du ciel, certains bien-être mystérieux répandus dans l’atmosphère, certaines flambées de soleil, certains parfums de forêts ou de montagnes, qui nous rendent tout à coup enthousiastes et heureux, sans qu’on puisse, sans qu’on veuille s’en rendre compte, sinon par la réflexion, après coup. L’esprit amoureux de la nature n’en demande pas toujours beaucoup pour se dilater ou se délecter. Quant à moi, j’avoue être impressionnée par la lumière au point de lui appartenir absolument et d’être peu frappée des objets qu’elle ne dessine pas avec magnificence. Mon âme suit ses triomphes et ses langueurs avec une passivité qui me rend peut-être mauvais juge de ce qui n’est pas favorisé par elle.

J’ai été en Auvergne l’année dernière pour la troisième fois, à quinze ou vingt ans de distance. Quand, de chez nous (le Berry), on s’embarque pour une excursion, on est volontiers ambitieux ; on pense aux grandes Alpes ou aux Pyrénées, ou aux rivages de l’Océan, de la