Page:Sand - Dernieres pages.djvu/236

Cette page a été validée par deux contributeurs.

admirer autour d’elle ; elle désire la mort ; elle écrit du couvent de Bélem :

Qu’importe que toujours le ciel brille en ces lieux ?
Qu’au feu d’un soleil pur chaque saison s’allume ?
Pour l’âme qu’à toute heure un long chagrin consume,
Tout est froid, tout est mort, tout est silencieux.

Moi, je sens que je touche au terme du voyage ;

Quelques douleurs encor, puis la paix du cercueil.
Ne me plains pas ; longtemps sur moi gronda l’orage.
Mieux vaut dormir au port que trembler sur l’écueil.

Eh quoi ! vivre et mourir sans révéler mon âme !
De ma pensée ardente éteindre le flambeau !

Un jour, elle demande à la poésie une consolation toute-puissante et rêve la gloire. Puis, tout aussitôt, soit dédain, soit découragement, soit qu’elle se sente faite pour aimer les autres plus qu’elle-même, elle repousse cette bouffée d’ambition.

Fille du ciel, brillante poésie
Enlève-moi sur ton aile de feu !
Ah ! qu’ai-je dit et qu’ose-je prétendre ?

Disparaissez, désirs présomptueux.

Je chante, hélas ! comme l’onde murmure

Sans but, sans art, sans espoir, sans désirs