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Dès l’âge de dix ans, le goût de la poésie se manifeste chez l’enfant débile de corps, forte d’esprit. À douze ans, mourante, elle disait :

Prends mes jours purs encore.
Heureux l’enfant pieux qui s’endort au Seigneur,

Et la vierge expirant à sa première aurore,
Comme un lis moissonné dans sa pure blancheur.

Ce culte de la mort commence à l’envahir, sorte d’ascétisme maladif, où elle puisera son originalité et sa grandeur.

Dans ce temps où la poésie s’exprimait sous le symbole classique de la lyre, et où les personnes modestes disaient encore le luth, mademoiselle Flaugergues cultiva sans doute l’instrument sacré qui lui a été révélé de si bonne heure ; mais ce sont des études qu’elle cache. En 1836, elle est transportée à Lisbonne ; c’est l’année de la mort de son père. Sans doute, il n’a laissé aucune fortune. Elle est séparée de sa mère, de son frère Paul. A-t-elle d’autres parents ? Pourquoi est-elle ainsi exilée ? Probablement elle cherche dans le travail des moyens d’existence. Peut-être a-t-elle songé à se faire religieuse. Quoi qu’il en soit, elle est triste, au point de ne rien