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« Né, en 1759, à Saint-Cyprien, près Rodez, d’une famille ancienne et honorable, Pierre-François Flaugergues montra de bonne heure une intelligence pénétrante et juste. Il avait déjà obtenu quelques succès brillants au barreau lorsque la Révolution éclata. Il en adopta les principes, mais avec l’esprit d’équité généreuse qui formait la base de son caractère. En 90, nommé, en vertu d’une dispense d’âge, président de l’administration de son département, il fit constamment usage de son autorité pour protéger ceux que leur position entourait de plus de périls. Lorsque la Révolution se fit terroriste, sa générosité devint crime, il fut dénoncé par l’ex-capucin Chabot et traduit devant le tribunal révolutionnaire. Des voix courageuses s’élevèrent, et le décret fut rapporté. Deux ans plus tard, après la mort de Louis XVI, M. Flaugergues condamna hautement et sans crainte le tragique événement ; il eut le rare courage de porter le deuil et fut mis hors la loi. Il dut rester caché dans son pays natal. C’est une contrée montueuse, coupée de ravines et de gorges profondes. C’est là qu’il vécut onze mois, couchant à la belle étoile, refusant l’hospitalité des amis