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d’une paire de pantoufles doublées de rouge, et le corps, d’une manche de satin bleuâtre ; si bien que ce monstre, qui existe encore et qui n’a pas cessé de porter le nom de « monstre vert », a toujours été bleu ! Le public nombreux qui depuis l’a vu fonctionner ne s’en est jamais aperçu.

On joua des féeries ; les deux jeunes artistes, habitués déjà à l’improvisation, furent si comiques, que les deux spectateurs, à l’unanimité, les engagèrent à augmenter la troupe et à soigner le décor. Ils répondirent que le théâtre était trop petit et ne comportait qu’une paire de coulisses et une toile de fond. On verrait l’année suivante.

Il ne fut pas possible d’attendre jusque-là. Victor Borie, voulant représenter un incendie, incendia pour tout de bon le théâtre, et il fallut en construire un autre, dont les dimensions furent doublées. Dans le courant de l’hiver, on joua sept pièces : Pierrot libérateur, Serpentin vert, Olivia, Woodstoke, le Moine, le Chevalier de Saint-Fargeau, le Réveil du lion.

En 1848, on en joua une douzaine. On apportait toujours le châssis au salon, après le dîner ; on dressait le décor, et on constatait chaque